La neutralité de l’analyste
Innes-Smith, James
Introduction
La psychanalyse se distingue de toute autre discipline scientifique du fait qu'elle trouve ses origines dans une relation et qu'elle continue toujours de poursuivre sa pratique, ses recherches et sa formation dans un contexte relationnel. On peut trouver cette proposition trop simpliste à première vue mais je la crois défendable si on se souvient de l'histoire d'Anna O. et de Dora, et si on considère la littérature scientifique contemporaine. Les théories de relation d'objet ont fort marqué la théorie psychanalytique sans diminuer, à mon avis personnel, l'importance de l'oeuvre de Freud. Le point de départ était donc, pour Freud, une relation humaine très particulière, personnelle et réciproque. Les premières étincelles de la pensée psychanalytique ne se sont pas allumées seulement dans l'auto-analyse de Freud ni dans ses hypothèses brillantes, mais dans le discours vivant entre lui et ces premières patientes. Emmy von N. soulignait la réciprocité de la communication quand elle dit à Freud "qu'il ne faut pas toujours lui demander d'où provient ceci ou cela mais la laisser raconter ce qu'elle a à dire", et Les Etudes sur l'hystérie nous en ont fourni plusieurs exemples du même genre. Le chemin parcouru par Freud, qui dans ses premières expériences de cocaïne et d'hypnose perpétuait un modèle qui était essentiellement l'héritage de la relation médecin-patient est impressionnant. Quoiqu'il n'ait jamais renoncé à l'idée de l'analyste-père, le cas d'Anna O. a été pour lui le tournant critique dans le sens d'une véritable écoute. […]