La consultation de famille en clinique psychanalytique

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Toute vie de couple ou de famille est émaillée de conflits qui peuvent être considérés comme normaux voire indispensables à l’évolution du couple, de la famille ou des individus. Cependant dans certaines circonstances, ces conflits deviennent trop lourds, dramatiques, insolubles…ou révélateurs de dysfonctionnements.

La consultation psychanalytique pour couple et famille s’adresse à toute personne estimant se trouver en souffrance dans sa relation à son partenaire ou à son « groupe familial ». Les séances menées par un ou deux thérapeutes ont souvent une durée d’une heure et se succèdent habituellement au rythme d’une ou de deux par mois.

Nous avons le plus souvent des demandes et des indications de thérapie familiale pour des enfants et des adolescents mais cette pratique existe aussi pour les adultes aux prises à des situations familiales pathologiques et sources éventuelles de décompensations psychiatriques.

Lorsqu’une demande de consultation concerne un enfant, l’analyste essaie de le rencontrer avec sa famille dans un premier temps (sauf pour les grands adolescents). Il sera à l’écoute des associations libres des différents membres de la famille tout en observant les interactions spontanées parents-enfants, les jeux ou les dessins produits par celui-ci et en étant attentifs aux liens qu’il pourrait y avoir avec le contenu du discours familial. Outre ce travail d’observation et d’écoute analytique, l’analyste est souvent amené à être plus actif.

Durieux MP, De Vriendt-Goldman C. (2007). « L’observation de l’enfant » in Les premiers entretiens thérapeutiques avec l’enfant et sa famille, JP Matot, C Frisch-Desmarez et al., Dunod, Paris

Dans cette clinique, le défi consiste à tenter de mettre à jour le caché, méconnu des individus eux-mêmes, ou de donner sens à ce qui ne pouvait en avoir jusque là.
Les remaniements suscités par la démarche familiale ou de couple permettent également des changements significatifs pour les individus constituants ces entités que ces personnes soient ou non engagées parallèlement dans un travail personnel.

Sans faire une anamnèse systématique, le clinicien instaure un mouvement d’écoute et de réflexion qui passe constamment de l’histoire individuelle et transgénérationnelle de chacun au fonctionnement familial. Ce mouvement tient compte des éléments conscients et inconscients du discours et d’autres niveaux d’émergence, comme les actes par exemple.
il explore différents paramètres : le motif de la démarche, l’histoire du symptôme, l’analyse de la demande, l’histoire individuelle de chacun, l’histoire familiale ainsi que certaines dimensions qui n’apparaîtraient pas nécessairement dans le discours familial, par exemple l’enfance des parents et la manière dont ils ont vécu leurs relations à leurs propres parents. Simultanément, l’écoute se fait à un autre niveau, celui des mouvements préconscients ou inconscients de chacun et du groupe familial pour essayer de répondre aux questions suivantes : (Frisch-Desmarez, Durieux 2002) :

Frisch-Desmarez C. Et Durieux MP (2002). La thérapie familiale psychanalytique, RBP, 41 :31-54

  • Comment les fonctionnements individuels de chacun s’articulent et entrent-ils en résonance pour alimenter le fonctionnement conscient et inconscient du groupe familial ?
  • Quelle valeur, quelle signification le symptôme de l’enfant revêt-il au sein de la dynamique familiale ?

Ces premiers entretiens apportent les éléments nécessaires pour commencer à faire une analyse du fonctionnement familial et mettre en place le cadre thérapeutique.

Le cadre sera fonction de la situation: si quelques séances mobilisatrices suffisent parfois à faire disparaître le symptôme, elles peuvent au contraire déboucher sur une psychothérapie individuelle de l’enfant chez le même thérapeute ou chez un collègue. Si les difficultés de l’enfant sont très intriquées aux dysfonctionnements parentaux, une thérapie familiale au long cours est envisagée. Quand les résistances familiales sont intenses, le seul accès passe parfois par une thérapie individuelle de l’enfant conjointement avec des entretiens familiaux menés par le même thérapeute. Il arrive aussi que certaines familles reviennent périodiquement consulter en amenant chaque fois une problématique nouvelle concernant soit le même enfant soit un autre.

Bibliographie

Berger M. : (1995), « Le travail thérapeutique avec la famille », Paris, Dunod. 

Durieux MP, Frisch-Desmarez C. (2000). « Désemboîtement des parents et de l’enfant dans le travail analytique familial au long cours », Journal de la psychanalyse de l’enfant, 26, p 311-338, Paris, Bayard.

Golse B. (2006). L’être-bébé, Paris, PUF

Manzano J., Palacio Espasa, Zilkha N. (1999) : « Les scénarios narcissiques de la parentalité  », coll. Le fil rouge, Ed. PUF, Paris.

Palacio-Espasa F. (1998) : « Les psychothérapies parents-enfant », In Journal

Palacio-Espasa F. (1998) : « Les psychothérapies parents-enfant », In Journal de la psychanalyse de l’enfant n°22, Edition Bayard, Paris.

Watillon-Naveau A.  (1993) :« Dynamique des thérapies psychanalytiques de la relation précoce parents-enfant », pp 43-56, Revue Belge de Psychanalyse n°22, Bruxelles.