Notes de lecture

Gauthier, Jean-Marie

1989-10-01

Notes de lecture

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Il est classique lorsqu'on parle d'héritage de se référer comme psychanalyste au travail du deuil, et à ses avatars. Le grand intérêt de l'ouvrage d'Eric Toubiana est de situer ce moment particulier du côté de l'Oedipe et de l'identification : dans le jeu de l'acquisition d'une identité individuelle et collective, l'héritage constitue une sorte de point final possible. La transmission réactive en effet une dernière fois, les fantasmes oedipiens qui se trouvent, d'un coup, réalisés. Les défenses anales si souvent évoquées lors de l'apparition de cet événement sont donc ici conçues comme une défense ultime. Cet ouvrage utilise, pour développer sa thèse, l'étude des échecs du travail du deuil propre à la psychose, l'analyse d'oeuvres littéraires, et l'étude approfondie des textes juridiques. La distinction qu'il fait entre héritage et donation sur le plan de la loi et des fantasmes que ces pratiques suscitent, est fort éclairante pour la thèse globale de ce livre fort bien documenté. A noter que donc le travail du deuil se voit redéfini à partir de celui de l'Oedipe dont l'évolution contribue fortement à permettre qu'une transmission s'accomplisse et situe le sujet aux confins de l'identité individuelle et collective. Bref, ce livre nous invite, fort intelligemment, à réfléchir sur l'écart qui sépare le deuil de l'héritage.