Notes de lecture

Alsteens, André

1987-10-01

Notes de lecture

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La nouvelle traduction du titre préfère à "la théorie de la sexualité" la parenté implicitement indiquée par Freud avec les "théories sexuelles infantiles", "comme s'il refusait, note Gribinski, à établir une hiérarchie" au nom du savoir. En veillant à rester proche de "l'enfant chercheur", la traduction due à Philippe Koeppel rend sensible le contact établi par Freud entre pulsion sexuelle et réalité psychique.

Le recul des années peut donner l'illusion d'avoir domestiqué une pareille rencontre entre les choses du sexe et la vie de l'esprit. Dans sa subtile préface, Gribinski en dénonce les pièges et rappelle, à la suite de l'analyse de Laplanche (Vie et mort en psychanalyse), comment Freud y met en pièce les représentations jusque-là convenues : la notion d'instinct alors que les "aberrations" sexuelles font partie de la nature de la sexualité humaine, l'idée de "la" sexualité alors qu'elle est toujours singulière et le fruit d'une genèse, l'éveil sexuel à l'adolescence alors qu'il s'agit de retrouvailles, et encore de retrouvailles d'autre chose.

Le retour au texte, dans une traduction enfin rigoureuse à l'égard de la richesse sémantique de l'allemand, permet de goûter au plaisir d'un récit où la pensée bouscule définitivement les certitudes fallacieuses, même si celle-là ne peut échapper à son tour à de nouveaux développements critiques…

Jamais texte de Freud n'a été autant remanié. Le chercheur pourra s'en rendre compte par le détail des multiples modifications et ajouts et appréciera, outre l'index, l'indication dans la bibliographie des passages concernés. Plus d'une fois, les notes en bas de page apportent, sur la pensée de Freud, des ouvertures étonnantes.