Notes de lecture

Alsteens, André

1987-10-01

Notes de lecture

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Rarement une relecture nous aura autant plu. Sans doute est-ce dû, pour une bonne part, à la richesse des associations sur le processus adolescent. La surprise est là, toute entière, dès le texte de Jensen, Gradiva, fantaisie pompéenne, éditée en tête de l'ouvrage. Comme Freud a mille fois raison de penser que le poète sait parler des choses psychiques ! Par le biais d'une passion archéologique, Norbert Hanold va progressivement voir ses yeux se déssiller et reconnaître l'attrait de Zoé Bertgang, sa proche voisine. Long détour du refoulement, prêt à dénigrer l'aujourd'hui, pour une idéalisation proche du délire. La confusion entre le réel et l'imaginaire est telle qu'on se sent parfois pris soi-même de vertige, à se demander soudain : où en est-on maintenant, dans le rêve ou la réalité ?

Cette impression s'amplifie encore, une fois passé au texte de Freud, dont on aurait pu redouter que les explications analytiques ne viennent ternir la fraîcheur du récit. Il n'en est rien, au point même qu'on ne sait plus trop si la Gradiva est toujours celle de Jensen ou est devenue celle de Freud …

J'ai évoqué l'adolescence et je recommande ce double texte à tous ceux qui s'occupent d'adolescents. Mais la portée en est bien plus considérable. Ce commentaire permet à Freud de faire la démonstration, sur un texte littéraire, de ses grandes capacités à théoriser la clinique. Car la Gradiva de Jensen peut être lue comme une histoire classique, sorte de journal après coup d'une désaliénation et la Gradiva de Freud comme une analyse de cas dans toute la passionnante acception du terme.

Deux textes empreints de fascination, traversés par la nostalgie de la découverte de l'amour et imprégnés du mystère de la féminité, où je repérerai cette dernière analogie : la guérison par l'amour.