Notes de lecture

Vaneck, Léon

1986-04-01

Notes de lecture

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G. Bleandonu, psychiatre lyonnais, nous est déjà connu à travers plusieurs travaux antérieurs ; je pense plus particulièrement à "Hôpitaux de Jour et psychiatrie dans la communauté" parue en 1974 chez Payot en collaboration avec M. Despinoy et, plus récemment, en 1985 "L'école de M. Klein", paru au Centurion (Collection Paidos), ouvrage au sujet duquel j'ai eu le plaisir de faire une note de lecture dans cette même Revue en 1985. G. Bleandonu est par ailleurs l'organisateur principal des annuelles journées d'études francophones sur les Hôpitaux de Jour qui se déroulent à Lyon.

Dans ce travail, G. Bleandonu développe un autre sujet qui lui tient à coeur, à savoir la vidéo, au sujet duquel il s'est déjà expliqué antérieurement mais plus succinctement dans le numéro d'avril 86 de l'Information psychiatrique consacré à "l'Audiovisuel en psychiatrie". Il s'appuie sur son expérience de plus de 10 ans dans ce domaine, sur un important travail de documentation sur le sujet, ainsi que sur plusieurs journées d'études y consacrées régulièrement à Lyon.

Une première partie, consacrée à des généralités, développe l'histoire de l'audio-visuel en psychiatrie et des données générales sur la vidéo, notamment quelques notions techniques, la situation en France, la spécificité thérapeutique ainsi que certains problèmes légaux et éthiques, qui ne sont pas sans importance dans l'utilisation de plus en plus fréquente des nouvelles techniques audio-visuelles.

Après avoir rappelé que la vidéo se révèle essentielle dans l'observation "scientifique" exigée par les thérapies comportementales et familiales systémiques, l'auteur développe dans la deuxième partie ses conceptions originales sur l'emploi de cette technique au cours de psychothérapies d'inspiration psychanalytique.

Il souligne les deux grands avantages, selon lui, de l'enregistrement audiovisuel : permettre aux soignants de s'y retrouver plus facilement et avoir une action thérapeutique en propre, à savoir la confrontation à l'image de soi.

L'auteur développe alors les questions soulevées par la "confrontation à son image par la vidéo", dans le prolongement des techniques de groupe, groupe en tant que miroir social ; il se réfère essentiellement à Berger, psychiatre et psychanalyste américain, qui lie la parole aux regard, ce que Bleandonu considère comme spécifiquement psychothérapeutique, notamment grâce au lien entre l'image du soi matérialisée par la vidéo et la parole qui s'adresse à elle, la consigne étant : "Parlez à votre image". Suivent les questions d'indications et une théorie provisoire, en rapport essentiellement avec les concepts néo-kleinniens ; Bleandonu préfère réserver un moment de confrontation à l'image de soi au cours de l'enregistrement d'une relation psychothérapique plutôt que de recourir à la seule vidéo confrontation, et il s'en explique.

Suivent deux chapitres consacrés aux techniques du vidéo-psychique et de la photo-vidéoscopie, avec des exemples cliniques qui sont étudiés en détail et qui illustrent les intérêts incontestables de ces techniques ; l'auteur poursuit parallèlement ses réflexions théoriques en référence au corpus psychanalytique et en particulier à l'appareil psychique et à son fonctionnement.

La troisième partie de cet ouvrage aborde l'utilisation de la vidéo en thérapie et en formation familiale systématique (par J. Beaujean), dans les thérapies comportementales, et, enfin, dans diverses autres perspectives (thérapies de deuil – Vidéodrame – Vidéogestalt … ).

L'auteur nous montre combien les tenants de la vidéo ont fait preuve d'une vitalité inventive et d'un intérêt communicatif, tout en soulignant que leurs formulations théoriques tâtonnent encore et que l'évolution des résultats reste plutôt impressionniste.

Il s'interroge sur les données de sa propre expérience, il a le souci constant de les élaborer, tout en reconnaissant que la nature profonde des phénomènes reste encore assez mystérieuse. En tout cas, il réussit à nous inviter à faire plus ample connaissance avec ces techniques vidéo ; dans ce sens, son travail constitue une contribution importante aux recherches sur ces nouvelles techniques utilisées dans une perspective thérapeutique. Il intéressera très certainement tous les travailleurs en santé mentale qui utilisent ou se proposent d'utiliser professionnellement la vidéo.