Notes de lecture

Janssens, Jacqueline

2002-04-01

Notes de lecture

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Je commencerais volontiers cette note de lecture par un paragraphe de la préface de l’ouvrage, rédigée par Jacqueline Godfrind :

« Non, le livre de Michèle van Lysebeth ne peut laisser indifférent. Original, il interroge, bouscule, dérange les positions théorico-cliniques apparemment les plus assurées. Exigeant, il stimule l’analyste à une réflexion sur les modalités de son engagement dans sa pratique quotidienne. Novateur, il ouvre des perspectives parfois déroutantes mais toujours enrichissantes à qui sait se laisser imprégner par les mouvements créateurs d’une pensée en perpétuelle interrogation ».

Effectivement depuis sa parution, j’ai entendu des réflexions en sens divers, des plus critiques aux plus élogieuses !

J’ai décidé de faire cette note de lecture, parce que moi-même, j’ai été très admirative et intéressée par la lecture de l’ouvrage, rassemblement d’articles bien connus des lecteurs assidus de la Revue Belge ! Effectivement, Michèle van Lysebeth y regroupe les jalons de sa pensée, figurés dans des articles de 1984 à nos jours : depuis la « Différenciation de la part psychotique et de la part bébé de la personnalité » (1984) à « Du réel au rêve » (2001) en passant par « Rêves et rythmes de l’analyse », « les complexités de l’Œdipe », « la relation psychanalytique selon les divers courants analytiques », « Une dimension méconnue de la cure : la relation analytique », « Expressions oniriques du penser inconscient », et « Les positions masculine et féminine du contre transfert ».

Dans une très belle « INTRODUCTION », (16 pages) elle resitue en effet tous ses articles dans un continuum, et nous fait participer à une « démarche » qui sans cesse confronte la clinique aux théories existantes du fonctionnement psychique et de la rencontre entre un patient et un analyste en séance.

Le cas « Sarah », un des premiers de sa pratique, fonde son questionnement, désorganise ses repères théorique-cliniques et les 17 années d’expérience clinique qui s’ensuivront, nous montrent comment elle essaye de les réorganiser.

Ses fils rouges : « la réalité, et plus encore, la réalité actuelle infiltrant la cure, ainsi que le travail du rêve » ; leurs « jeux et entrelacs sont les attracteurs de mes tentatives d’élaboration » nous dit-elle.

Notre collègue a donc demandé la publication de son livre chez l’Harmattan. Rappelons que leur collection « Etudes psychanalytiques » se définit comme suit :

« La collection « Etudes Psychanalytiques » veut proposer un pas de côté et non de plus, en invitant tous ceux que la praxis (théorie et pratique) pousse à écrire, ce « hors chapelle », hors « école » dans la psychanalyse. »

J’entends moi, « chapelle» et « école » du côté du « prêt à porter » en opposition au « sur-mesure » !

Lectrice assidue et impitoyable, elle nous invite, à partir de ses interrogations, à revisiter les théories existantes, en nous montrant les tris qu’elle a pu elle-même opérer pour rendre compte, au mieux, de son expérience clinique. Elle nous montre son besoin de clarifier et repréciser des concepts et n’hésite pas à en introduire de nouveaux, comme par exemple la notion de « relation analytique » (1990) ainsi que plus récemment de « moi inconscient élaboratif ».

Dans cette perspective, Michèle van Lysebeth, tend elle-même à cette « différenciation » dont elle nous parle dans sa conclusion… « le travail de différenciation nous alerte sur les menaces d’enlisement dans l’inévolutif retour au même ».

Un livre qui incite et encourage la « mise au travail », la recherche d’un modèle propre. J’en recommande vivement la lecture.