Notes de lecture

Jullian, L.

1996-10-01

Notes de lecture

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Voici le dernier ouvrage de Cléopâtre Athanassiou.

Le livre de Cléopâtre Athanassiou est structuré en deux parties :

– Première partie : ici, elle nous fait part de ses hypothèses de travail. La thèse centrale est la mise en évidence de la défense maniaque comme protection contre la souffrance dépressive chez un enfant âgé de trois ans et demi.

L'auteur fait de la défense maniaque une nouvelle identité. Avec la rigueur et la clarté qu'on lui connaît, elle nous explique que la défense maniaque est un passage obligé dans le développement psychique de l'être humain.

Pour C. Athanassiou, l'apparition de la défense maniaque permet à l'enfant de quitter les défenses autistiques primaires dans lesquelles il se trouve, pour aller vers la toute puissance infantile. C'est grâce à la défense maniaque que ceci sera possible.

Cette toute-puissance, C. Athanassiou l'appelle le MOI-NARCISSIQUE, par opposition au MOI-REALITE.

Autrement dit, la défense maniaque joue un rôle fondamental dans l'établissement de la dialectique entre la position schizo-paranoïde (MOI-NARCISSIQUE, chez l'auteur) et la position dépressive (MOI-REALITE, chez l'auteur).

Dans cette première partie de son ouvrage, l'auteur parcourt la pensée freudienne et les premières interrogations de celle-ci concernant la manie.

Elle nous rappelle que déjà en 1898, dans "L'étiologie sexuelle des névroses", Freud parlait de l'impuissance de la psychanalyse devant les cas de confusion hystérique, de manie et de mélancolie. C'est en 1917, avec "Deuil et mélancolie", que Freud commence à étudier la manie. Bref, C. Athanassiou nous présente d'une façon succincte et exhaustive, l'évolution de la pensée freudienne concernant la problématique de la manie.

Dans le chapitre 2 de cette première partie, elle passe en revue les auteurs ou les courants postfreudiens.

En premier lieu, K. Abraham qui, en 1912, dans ses "Préliminaires à l'investigation et au traitement psychanalytique de la folie maniaco-dépressive et des états voisins", donne une description très riche des mécanismes maniaques.

En 1934, ce sera le tour de M. Klein, dans "Contribution à la psychogenèse des états maniaco-dépressifs", puis en 1940, dans "Le deuil et ses rapports avec les états maniaco-dépressifs".

Puis H. Segal, D.W. Winnicott, H. Rosenfeld…

– Dans la deuxième partie, nous allons assister à l'exposé d'un remarquable cas clinique qu'elle nous livre séance après séance, et cela pendant les deux premières années du traitement (155 séances).

Didier a trois ans et demi lorsqu'il commence son traitement. Dès la première séance, il fait un clivage entre l'espace de la séance et la vie quotidienne.

Alors qu'à l'extérieur, il fonctionne normalement, pendant la séance, il utilise la défense maniaque qui va prendre la place centrale, comme protection. C'est ainsi que la défense maniaque va se livrer à une lutte acharnée pour essayer de détruire le cadre, le contenant et la capacité de pensée de l'analyste. C'est dans ces moments de rage et de toute-puissance que la folie maniaque atteint son paroxysme : ceci étant le seul moyen que l'enfant a trouvé pour ne pas être en contact avec sa souffrance psychique.

Enfin, c'est un ouvrage passionnant, remarquable, sensible et rigoureux que je ne peux que vivement vous conseiller.