Les amnésiques 

Christine Frisch-Desmarez

Géraldine Schwarz, Éditions Flammarion, 2017

Lu, vu, entendu

Delen op

« Les amnésiques » est un livre singulier, un récit écrit par une journaliste franco-allemande, dont le père est allemand et la mère française et qui vit depuis 17 ans à Berlin.

L’auteure a écrit ce livre en constatant la recrudescence du nationalisme et du racisme dans de nombreux pays d’Europe, principalement certains pays de l’est qui sont passés du joug du nazisme à celui du communisme et qui n’ont pas fait le travail de mémoire que l’Allemagne de l’Ouest a fait de manière approfondie après la fin de la deuxième guerre. Elle pense, et  cela sera développé dans son livre, qu’il y a un lien étroit entre cette espèce d’amnésie de l’horreur et la montée des radicalismes actuels en Europe. Elle montre que le travail de mémoire est profondément lié à la construction et au maintien de la démocratie.

Ses interrogations de fond sur la responsabilité de l’être humain, même pour ce qui semble être à la plus petite échelle, renvoient à la question du mal. Tous ces actes de destruction qui ont eu lieu avant et pendant la seconde guerre mondiale ne sont pas seulement explicables par le conformisme, le carriérisme, les intérêts personnels et/ou l’obéissance aux ordres mais ils renvoient aussi à autre chose de plus particulier au genre humain qu’on pourrait nommer le mystère du mal.

Son livre contient de multiples axes, il est profondément intelligent, à la fois réflexif et passionnant. Sa plume est belle, le contenu est riche et traité avec beaucoup de finesse, la lecture est prenante et on a du mal à s’arracher à ces pages. C’est un récit remarquable dont on ne sort pas indemne tant les questions que l’auteure soulève sont profondes et dérangeantes.