Séminaires du mercredi 2019-2020 “La psychanalyse pour penser les aléas de la vie”.

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LA PSYCHANALYSE POUR PENSER LES ALÉAS DE LA VIE
L’homme est un être de crise. Dès la naissance et jusqu’au bout de la vie, l’individu est confronté à une série de crises, comme celle de la naissance, la puberté, l’adolescence, crise du milieu de la vie, crise du 3ème âge …
Crises maturatives, mutatives mais qui sont à risque de faire basculer l’individu dans un temps éclaté où les repères chèrement acquis semblent avoir disparu.
L’individu est pris dans les tourbillons de la vie. Le contexte social, sociétal et l’environnement culturel sont aussi en pleine crise et mutation, l’un miroir de l’autre, l’un amplifiant l’autre.
Ils jouent ainsi de tout leur poids. Ces crises viennent remettre en cause la continuité du soi, la structure de ses identifications, de ses idéaux, le système défensif, les liens d’appartenance (Kaes).
Si tout changement est catastrophique (Bion), face à un environnement profondément défaillant dont les organisations ne fonctionnent plus comme des enveloppes pare-excitantes, contenantes, la crainte de l’effondrement n’est plus une virtualité. La continuité de l’existence est menacée. La déliaison voire la pulsion de mort sont à l’œuvre. L’analyste, le thérapeute sont en péril d’être pris dans le cadre, confrontés aux attaques de la pensée.
Si les crises sont inévitables (R. Thom), il y a nécessité à les penser pour ouvrir la voie au changement, (re)trouver des espaces transitionnels et l’accès aux processus de symbolisation.
Ce nouveau cycle de séminaires interroge la clinique douloureuse des aléas de la vie, comme celle de l’hospitalisation mère-enfant, des adolescents face aux difficultés scolaires, de la précarité, de la toxicomanie, le burn-out et celle de l’IVG. Ces pratiques nous amènent souvent à travailler avec d’autres professionnels, en réseau. Cela soulève la question importante du secret professionnel. Il fera l’objet du dernier séminaire sous forme de table ronde.
Nous vous proposons de réfléchir ensemble comment la pensée et les dispositifs psychanalytiques et psychothérapeutiques peuvent aider nos patients en désaide, en souffrance, à (re)trouver un sentiment d’existence.

MF Dispaux – 25 septembre 2019
Les crises et aléas de la vie, entre bouleversement et changement.
Argument: Nous traversons des crises et nous rencontrons des situations difficiles tout au long de notre existence qui peuvent «faire crise». Mais comment définir les crises? Quelles en sont les manifestations? Quelles modifications psychiques peuvent-elles amener? Nous analyserons les mécanismes psychiques en jeu dans la crise et les bouleversements qui peuvent advenir d’un point de vue métapsychologique pour en comprendre les ressorts tant positifs que négatifs.

Heidy Allegaert et Anne Reinaers – 23 octobre 2019.
Fil-à-Fil: comment le bébé pourra tisser un lien avec sa maman malade.
Argument: La construction de la pensée du bébé se fait dans la rencontre suffisamment sécurisante avec l’autre (la mère et/ou le père) et est tributaire de la qualité d’attention de celui-ci. Comment permettre au bébé de construire sa pensée en appui sur celle de ses parents dans les situations de souffrance psychique? Comment prendre soin de la “fonction-enveloppe” permettant l’intériorisation d’une trace «sécure» chez le bébé mais aussi chez le parent fragilisé. Des soignants veillent à créer, à renforcer, à réparer…le «berceau» vulnérabilisé par certains «tourbillons de la vie». Nous partagerons avec vous cette expérience de soin prodiguée par la même équipe en hôpital et en ambulatoire.

Joëlle Hullebroeck – 27 novembre 2019
L’ado en développement aux prises avec l’école.
Argument: L’école a les traits de la Société dans laquelle elle s’insère et à laquelle elle prépare. Tissée de contraintes et de limitations, elle offre aussi des opportunités à qui réussit à les y trouver. Pour l’adolescent en processus long et complexe de multiples transformations, l’expérience scolaire constitue un champ où il expérimente des conflits, des épreuves et de nouvelles explorations dans les domaines non seulement cognitifs mais aussi identitaires, affectifs ou socio-relationnels. A travers une approche théorico-clinique illustrée de vignettes cliniques, nous proposons d’explorer cette conflictualité pleine d’enjeux à travers différentes manifestations telles que les comportements oppositionnels et violents, le harcèlement, les inhibitions, les phobies ou le décrochage scolaire.

Nicole Zucker, Anne Englert et Denis Hirsch – 22 janvier 2020
Le travail psychanalytique à l’épreuve des souffrances sociales actuelles.
Argument: Les patients rencontrés dans notre service de santé mentale mettent à l’épreuve nos modèles théoriques et nos pratiques cliniques. Les familles, enfants, adolescents ou adultes qui nous consultent rencontrent les conditions de vie actuelles, marquées par la précarité économique et l’exclusion, la déliaison sociale, les pertes d’appartenance et la solitude. Ces conditions traumatiques affectent leur capacité de pensée ainsi que celle des équipes qui les reçoivent. Garder la possibilité d’accueillir et de transformer les vécus de cette clinique de l’extrême implique un travail à plusieurs, l’équipe thérapeutique permettant de (re)tisser l’appartenance au collectif qui fait défaut .A travers quelques vignettes cliniques, nous souhaitons montrer comment le travail au niveau des symbolisations primaires permet de prendre en compte les atteintes du corps et de la psyché non-protégés par les cadres culturels.

Eveline Ego et Géraldine Castiau – 19 février 2020
«J’ai mal à mon travail !»
Argument: Etre psychanalytique et le rester face à la souffrance des travailleurs.
Comment en 2020, penser le travail comme un travail vivant, comment soutenir la créativité à l’œuvre pour la survie de l’individu et du collectif ?

Claire Remy – 18 mars 2020
A propos de la moins mauvaise des solutions à la condition humaine.
Argument: En ancrant mon propos dans la réflexion de l’anthropologie moderne à propos de la condition humaine et des rôles du travail de culture, je tenterai partager l’idée que la consommation (tous objets confondus) fonctionne très efficacement comme “anti-pensée” (au sens de l’anti-matière, c’est à dire du revers de la médaille, ou du négatif de la photo) et radicale défense contre l’angoisse.

Isabelle Lafarge et Muriel Rozenberg -22 avril 2020
«Il suffit d’écouter les femmes» Une écoute psychanalytique de l’IVG.
Argument: «Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. Il suffit de les écouter». Ainsi parlait Simone Veil dans son célèbre discours visant à dépénaliser l’avortement en France.
Qu’entend-t-on quand on écoute, avec une oreille analytique, les femmes qui passent par cette épreuve? Et quand on écoute les intervenants qui accompagnent ces femmes? Quels outils avons-nous pour accueillir la «pulsion à penser», le plus souvent dans l’après-coup? Nos expériences de collaboration avec des plannings familiaux, que ce soit par la thérapie de femmes ayant eu recours à l’IVG ou la supervision d’équipe, nous ont donné l’envie d’ouvrir quelques pistes de réflexion sur ce thème qui engage, entre autres, les questions du féminin, du maternel , du corps et des conflits entre pulsion de vie et pulsion de mort.

Thierry Bastin, Marie France Dispaux, Joëlle Hullebroeck – 13 mai 2020
Droit au secret – devoir de secret.
Argument: La question du secret professionnel est interrogée et bousculée pour le moment. Pourquoi cette notion est-elle si importante pour notre éthique? Les trois orateurs développeront leur point de vue sur trois axes: le droit au secret comme condition première de la pensée, l’éthique et la déontologie spécifique à notre profession, pour poursuivre avec des situations concrètes mettant en lumière les difficultés du secret partagé.