Quand La psychanalyse rencontre L’Art ou La conception de notre logo

Histoire

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Poètes, romanciers, artistes sont de précieux alliés car ils sont, dans la connaissance de l’âme, nos maîtres à nous, hommes vulgaires, car ils s’abreuvent à des sources que nous n’avons pas encore rendues accessibles à la science

Freud, 1907

En inaugurant le nouveau site de la Société Belge, nous souhaitions qu’il reflète notre conception de la psychanalyse mais aussi la richesse culturelle de la Belgique. C’est pourquoi, au moment de concevoir notre logo, nos réflexions se sont orientées peu à peu vers l’idée de l’imaginer à partir d’une œuvre d’un grand artiste belge.

Notre choix s’est rapidement porté sur le tableau de Léon Spilliaert, Vertige, 1908, dont l’intense beauté trouve un profond écho dans notre domaine.

La psychanalyse touche de près ce que peut apporter l’art au psychisme humain, dans la mesure où il révèle la profondeur des sentiments et se rapproche de l’universel. Freud a vécu « dans un monde comme dans un rêve », pour reprendre ses mots après sa visite des collections assyriennes et égyptiennes du Louvre, entouré par sa précieuse collection d’objets de l’antiquité. Nous pensons bien sûr à la « Gradiva », accrochée au pied du divan, l’héroïne de la nouvelle de Wilhelm Jensen qui pour lui, représentait la personnification du transfert en psychanalyse, de la « guérison par l’amour ».

Une œuvre d’art, un peintre belge, une femme, Vertige s’est imposé comme une évidence par la richesse des associations que le tableau a suscitées en nous.

Vertige de Léon Spilliaert

En ce début du vingtième siècle, Léon Spilliaert est, à quelques années près, un contemporain de Freud. Dans son livre, Léon Spilliaert ou la beauté de l’intelligence de cœur, Anne Adriaens-Pannier le décrit comme « l’artiste le plus opiniâtre et le plus énigmatique de sa génération. Par l’assimilation profonde de thèmes successifs, son langage pictural rejoint l’homme tel qu’il est lui-même : original et indépendant. » Son indépendance d’esprit rejoint celle de Freud qui lui aussi a tracé son chemin sans se laisser décourager par le jugement de ses contemporains.

Dans cette période forte et féconde de la peinture en Belgique, Léon Spilliaert est entouré de peintres comme Permeke, Ensor, Delvaux, Brusselmans, Tytgat, compagnons de l’art, amitiés qui l’accompagneront toute sa vie. Il fréquente les poètes, Maurice Maeterlinck, Emile Verhaeren, Henri Vandeputte et comme Freud, il a croisé le chemin de Romain Rolland et de Stefan Zweig qui lui a acheté, en 1908, quatre dessins après lui avoir été présenté par Fernand Crommelynck.

Dans les thèmes différents de son œuvre, nous avons choisi Vertige qui dans son mouvement même, nous évoque l’Inconscient. Les figures de femmes de Spilliaert semblent appartenir à un monde hors du quotidien mais pourtant elles résonnent en chacun de nous par l’intensité des sentiments, amour, pitié, peur de la solitude qui les envahissent. Certaines d’entre elles ne sont pas sans évoquer des compositions de Munch. La femme en équilibre sur l’escalier du Vertige déploie à la fois faiblesse et force, traduit autant la solitude que l’espoir.

Ces mouvements profondément humains nous ont touchés et ont guidé notre choix pour la conception de notre logo. Nous tenons à exprimer toute notre gratitude à Madame Irmine et Messieurs Frederik et Johan van Rossum, les petits-enfants de Léon Spilliaert, de nous avoir autorisés à réaliser notre logo sur la base de ce tableau qui nous est cher.

Nos remerciements pour leurs précieux conseils à Anne Adriaens-Pannier et Charlotte Goëtz.
Anne Adriaens-Pannier : Léon Spilliaert, ou la beauté de l’intelligence du cœur, Anvers, éd. Pandora, 1998
Anne Adriaens-Pannier : Léon Spilliaert, le regard de l’âme, Gand, Ludion, 2006
Charlotte Goëtz : texte de l’audioguide pour l’Exposition Léon Spilliaert – Musées Royaux des Beaux Arts de Bruxelles – 22 septembre 2006 – 4 février 2007
Conception graphique : Nicolas Rome