Notre maison. Un voyage mouvementé depuis le principe de plaisir jusqu’au principe de réalité

70 ans de la SBP Histoire

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Il m’incombe de vous conter ici la dernière grande étape en date de la SBP qui correspond, c’est assez cocasse de le réaliser, à celle liée à l’âge qui pour un humain serait celui de la “retraite”, plus communément nommée en Belgique la pension.

Depuis le début des années 2000, (dans la décennie avant ses soixante ans…) un vague besoin de sortir de l’ombre planait dans les esprits des membres de la Société Belge de Psychanalyse….Un vague désir, au départ assez informe, et qui s’est lentement précisé sous la forme d’une furieuse envie d’acheter une maison. Les conversations d’après séminaires s’émaillaient régulièrement de “si on avait une maison, on pourrait”… “on devrait absolument avoir une maison”…. Mais avec des SI, on mettrait Paris en bouteille….

Il fallait bien en convenir, notre lieu de réunion était horrible…Le bureau du secrétariat était un espace encombré de 3m sur 3, situé au dessus d’une salle de théâtre coupée en deux par une cloison. Dans cette salle plutôt “has been”, nous nous réunissions si l’agenda malmené ne nous mettait pas nez à nez avec une réunion de Weight Watchers qui se tenait en lieu et place de notre séminaire prévu…

En tous les cas c’est là que j’ai connu la société, et ce n’était pas comme à Montmartre en ce temps là, il n’y avait pas de lilas sous les fenêtres…..J’ai appris plus tard, que ce n’était pas le premier lieu où la Société avait été accueillie dans son errance: nous avions déjà squatté, la Croix Rouge, le service social juif, la ligue d’hygiène mentale, et j’en passe….

Donc, la rumeur faisant son chemin et nous avons fini par créer … un “Groupe logement” qui, évoluant au fil du temps, allait porter le projet maison pendant toute sa gestation et l’amènerait sur les fonds baptismaux… mais ce fut une longue histoire.

Ce groupe travailla une année et nous permit d’avoir un projet d’achat valide et faisable dans ses grandes lignes. Le 16 novembre 2006 est une date historique: le projet encore embryonnaire est donc présenté à l’AG et voté à une majorité écrasante de plus de 90% .

Projet de longue haleine. A l’époque nous l’ignorions encore mais il faudra 5 ans pour qu’il se concrétise par les locaux que vous pouvez découvrir. Après le vote, on fit une enquête auprès de nos membres pour pouvoir constituer le cahier des charges: on avait décidé qu’on voulait une maison, oui, mais laquelle, que doit-elle contenir, à quels usages doit-elle nous servir et surtout que sommes-nous prêt à mettre pour qu’elle advienne….? L’enquête, présentée en mars 2007, était intéressante, et révélait les enjeux de cet achat: développer la psychanalyse, sortir d’un isolement et d’un local très laid, s’ouvrir davantage et avoir enfin “pignon sur rue”.

Il y avait aussi des embûches et des risques. Acheter une maison à deux, ce n’est déjà pas simple mais quand on est 100? Comment ne pas se disputer dès les premières difficultés? Sans doute fallait-il une bonne dose d’inconscience pour se lancer….

L’enquête montrait des disparités dans la conception du projet mais aussi une belle unanimité: l’investissement l’emportait sur la notion de dons à chercher ou à faire, l’autosuffisance financière était vécue comme un “must”, et le souhait net que la participation soit obligatoire de quelque manière que ce soit, afin que cette maison soit bien celle de tous, était évident. A dater ce cette enquête, le rêve pouvait devenir réalité.

Le premier acte posé fut la signature de la constitution de la société immobilière: PSYMMO. Et là on a commencé à chercher et plus à rêver…. Puis il y eut les nombreuses hésitations, des allers retours, des regrets, des craintes…. Et au moment où on commençait à se demander si un jour on allait trouver, peu avant l’été, …on a trouvé.

Une de nos collègues a repéré la perle rare sur un site…..ON a donc acheté …Après ce n’était plus qu’un jeu d’enfant. IL suffisait de consulter les plans, de surveiller le chantier, et l’architecte et son équipe nous ont magistralement aidés….

Mais bien entendu, c’est là que se sont glissés les “terrifiants pépins de la réalité” comme les appelle Prévert… Il a fallu choisir, décider des couleurs et du reste. Quels usages privilégier dans cette maison? Comment meubler la cuisine et pour quoi faire, cette cuisine? Plus technique: comment s’assurer du respect des plannings? Comment faire en sorte que le budget tienne la route, que les matériaux soient de bonne qualité? En bref! A qui faire confiance? …. Et quand l’angoisse monte, le ton parfois se fait bien moins caressant….

En conclusion, on ne s’improvise pas bâtisseur….Mais nous avons eu de la chance. Et l’assemblée générale du 12 juin 2011 eut lieu dans nos nouveaux locaux, 5 ans et demi après l’AG fondatrice…. Et très étrangement à l’âge légal de la retraite….. cette nouvelle base permet à notre société de se déployer pour une nouvelle vie.

Aujourd’hui il nous reste à écrire l’avenir de la vie de cette vielle dame. Et à espérer qu’elle sera encore assez indigne et vivante pour affronter les courants contraires et fourbes qui zonent sur son chemin…

Claire Remy