Marion, 13 ans pour toujours

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Marion est une jeune fille qui grandit au sein d’une famille unie et chaleureuse. Après la scène inaugurale qui laisse pressentir le drame, le film débute par le portrait d’une jeune fille qui a l’air bien dans sa peau. Elle chante, elle danse, téléphone à sa meilleure amie pour des conversations sans fin.

Ceci jusqu’à ce que Marion refuse les avances d’un garçon qui cherche à lui arracher un baiser sous les yeux de sa petite amie. À partir de ce moment-là, la spirale infernale s’enclenche. La petite amie jalouse crée un mouvement de groupe qui commence à harceler Marion, l’invective et l’humilie.

Marion a ouvert un compte Facebook à l’insu de ses parents qui le lui interdisent et elle commence à recevoir des flopées de messages d’une violence sans pareil. Marion est bonne élève et se fait peu à peu mettre au ban d’une classe totalement indisciplinée qui dépasse tous les enseignants. Elle perd sa meilleure amie qui prend le parti de ceux qui la harcèlent.

Les relations parents-enfants demeurent attentives et respectueuses mais Marion, qui a désobéi, n’ose pas leur parler et garde le silence, pour ne pas les inquiéter, jusqu’à ce qu’elle soit à bout de forces et que le drame éclate.

Après cette première partie du film qui analyse la montée de la violence qui pousse Marion au suicide et à l’enfermement dans lequel elle s’est trouvée, la deuxième partie développe l’analyse des réactions très différentes de ses deux parents suite à cette perte tragique et à ce deuil. La mère de Marion veut comprendre, trouver les raisons du drame, elle prend la mesure du harcèlement dont Marion était la cible en découvrant les messages sur Facebook et elle se bat face à un son entourage qui se ferme, entre autres le principal du collège qui veut éviter tout problème. Tandis que le père ne veut pas savoir ni trouver un coupable, il pense que cela ne sert à rien et ne lui rendra pas sa fille morte.

Ce film est fort bien fait et remarquablement bien interprété par des comédiens authentiques et très justes.
Il montre bien l’impuissance actuelle de l’école face à une certaine violence mais décrit aussi les mouvements psychiques de Marion qui tente de survivre à toute cette haine et sa solitude de victime, malgré un entourage présent et aimant. Elle s’enfonce dans le silence et finit par se pendre suite à une ultime humiliation.

L’émotion prend souvent à la gorge mais sans aucun sensationnalisme, le jeu des acteurs est très sobre. Ce film analyse à la fois la détresse et la souffrance d’une jeune fille qui essaye de se défendre mais qui est peu à peu submergée par la violence psychique et physique qui se déploie à son encontre et, à la fois, tous les mouvements liés au deuil des parents, sentiments d’incompréhension, d’injustice, de haine, de colère, de désespoir, de revanche, de culpabilité et engendre un questionnement sur leur rôle de parents.

Christine Frisch-Desmarez