Andrée Bauduin

In memoriam

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Hommage Andrée Bauduin.

Pour rendre hommage à Andrée Bauduin, disparue brutalement en janvier 2011, j’évoquerai en quelques mots l’analyste passionnée et passionnante que j’ai eu la chance de rencontrer au début de ma vie professionnelle.

Formatrice attentive, exigeante et généreuse, elle transmettait son admiration pour le génie freudien, son enthousiasme pour l’originalité de la méthode et du cadre analytiques et sa profonde connaissance de la métapsychologie et de l’interprétation des rêves.

En praticienne expérimentée et en théoricienne rigoureuse qui a toujours tenu à la précision des concepts, elle écoutait, curieuse et perspicace, avec une bienveillance qui ne l’empêchait pas d’être aussi sans concessions.

Son style d’analyste parfois audacieuse dans ses formulations était issu, je crois, d’un grand courage intellectuel et de la conviction que seule une recherche aiguë des mobiles inconscients et des trajets de la pulsion pouvait soulager la souffrance des patients.

En cela, sa démarche me semblait parfois s’apparenter à celle des détectives et des commissaires dont elle aimait tant lire les enquêtes dans les romans policiers qu’elle dévorait.

Car sa pensée s’est toujours beaucoup nourrie de la littérature, qu’elle fréquentait assidûment, dans un dialogue constant avec la clinique. Ainsi, son analyse de la relation d’emprise entre une mère et sa fille décrite dans le roman d’Elfriede Jelinek « La Pianiste » est venue confirmer les élaborations issues de sa clinique concernant « l’aliénation érotique de la fille à sa mère », publiées dans un travail remarquable qui a reçu le Prix Maurice Bouvet en 1995.

Captivée par Marcel Proust, ce « psychologue dont l’œuvre contient ce que Freud nommait une « science de l’âme » », elle dirigea avec Françoise Coblence la publication du livre « Marcel Proust, visiteur des psychanalystes » (1999).

Les romans de Romain Gary et ceux d’Emile Ajar issus de l’imposture du dédoublement de l’auteur, lui ont quant à eux donné l’occasion de développements originaux sur les identifications et le sentiment d’authenticité, thèmes déclinés avec bien d’autres dans son  bel ouvrage « Psychanalyse de l’imposture » paru en 2007.

Entre Liège et Paris, Andrée Bauduin déploya longtemps une intense activité et assuma de nombreuses responsabilités dont celle de codirectrice de la Revue Française de Psychanalyse qui lui permit de participer de très près à l’émergence de nombreux écrits psychanalytiques contemporains

 

Marie-Pierre Chaumont