Un peu de notre histoire

70 ans de la SBP Histoire

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Nous fêtons la création aujourd’hui de la Société Belge de Psychanalyse, de Belgische Vereniging voor Psychoanalyse qui s’intitulait en décembre 1946, L’Association des Psychanalystes de Belgique créée par Maurice Dugautiez, Fernand Lechat et Madame Camille Lechat-Ledoux.

Vous n’ignorez pas que la psychanalyse est l’œuvre de Sigmund Freud, né en Moravie en 1856, médecin spécialisé en neurologie, exerçant à Vienne jusqu’en 1939, s’établissant ensuite à Londres fuyant la persécution nazie. On admet en général que ses idées ont commencé à se répandre en 1895, date de la parution simultanée des « Etudes sur l’hystérie » coécrites avec Breuer et d’un article édité en français: « Obsessions et phobies, leurs mécanismes psychiques et leur étiologie ».

Les idées freudiennes se sont répandues en Europe à un rythme variant d’un pays à l’autre. Dès 1900, Freud commence à donner des conférences et ses parutions sont petit à petit traduites de l’allemand. Les Pays-Bas firent rapidement un accueil intéressé et peu critique à la psychanalyse et la Société néerlandaise vit le jour en 1917. Par contre, en Allemagne la pensée Freudienne fut assez rapidement cataloguée comme peu intéressante, peu scientifique et rejetée car émanant d’un juif. Une société de psychanalyse fût néanmoins créée en 1910 dans la continuation d’un groupe de discussion animé par Freud. Le nazisme a interdit la psychanalyse. En France, c’est par le biais d’une revue créée par Alfred Binet qui ouvrit ses pages aux personnes intéressées par la psychanalyse, que celle-ci se répandit. Toutefois, cette doctrine fut victime du chauvinisme français et du racisme antisémite. La Société Psychanalytique Française fut créée en 1926 et joua un rôle dans la formation de nos fondateurs.

Quand Freud déploie ses idées, la psychiatrie en est à ses balbutiements et la maladie mentale est considérée comme héréditaire ou comme une dégénérescence du système nerveux. En 1908, se tient à Salzbourg la première rencontre de ceux qui s’intéressent à la psychanalyse. En 1909, Freud est invité en Amérique et s’y rend avec Jung et Ferenczi. Il y fait une conférence : « Cinq leçons sur la psychanalyse ». En 1909, il charge Ferenczi de mettre sur pied l’« Association Internationale de Psychanalyse » qui existe toujours et qui, entre autres choses, se porte garante des règles relatives à la qualité de la formation des psychanalystes. La SBP en est membre depuis ses débuts (1949) et est la seule société psychanalytique belge à en faire partie.

La guerre 14-18 va freiner l’expansion de la psychanalyse mais certains médecins seront intéressés par les idées que Freud développa à propos des névroses de guerre.

Le premier psychanalyste belge est néerlandophone, Julien Vaerendonck né a Gand. Il a exercé pendant une très brève période la psychanalyse en pratique privée (en 1923). Il avait été formé par Théodore Reik, compléta sa formation à Vienne chez Freud. En 1921, il écrivit un article “The psychology of day dreams” (la psychologie du rêve éveillé). Freud en a écrit une préface très élogieuse et Anna Freud en a traduit une partie. Le décès précoce de ce précurseur ne lui a pas donné l’occasion de former des élèves.

En 1923, paraît en Belgique un compte-rendu, non signé, d’un article de Freud : « Introduction à la psychanalyse », écrit en 1915. Ce résumé paraît dans le Journal de neurologie. Le fait que cet article paraisse sans signature est significatif de la prudence qui préside à l’acceptation en Belgique des idées freudiennes. C’est d’abord le monde juridique qui s’intéresse aux théories freudiennes vu que Freud donne une place importante aux motivations inconscientes de nos actes. Ensuite, ce seront des philosophes qui trouvent ces idées intéressantes mais refusent avec indignation l’idée d’une sexualité infantile. Ceci concerne en grande partie le milieu des prêtres philosophes de l’Université Catholique de Louvain (Leuven) encore bilingue à cette époque. Il semble que le monde médical soit le dernier à s’être intéressé à la doctrine freudienne et plusieurs auteurs y ayant adhéré se sont rétractés vers la fin de leur carrière sous la pression de leurs confrères.

En 1928, a lieu à Bruxelles le 28ème congrès des médecins aliénistes et neurologistes des pays de langue française. La différence entre les articles écrits par les français inspirés des idées freudiennes et ceux des médecins belges qui n’y font aucune allusion, est très marquée. Quelques noms sont à retenir, Jacques De Busscher (né à Gand) médecin, professeur aux universités de Bruxelles et de Gand. Il défend les idées freudiennes et regrette la lenteur de leur diffusion en Belgique et en France. Auguste Ley s’intéresse à l’association libre prônée par Freud mais à la fin de sa vie, il renie son intérêt pour Freud.

Une revue, “Le psychagogue” parue pour la première fois en 1931 nous fournit quelques notes intéressantes. Elle a cessé de paraître en 1939. Elle se définit comme une revue de vulgarisation scientifique cherchant à présenter la méthode psychanalytique comme étant la seule capable de guérir durablement les troubles nerveux. On y trouve des articles très courts, exposant des études de cas, l’annonce de congrès et conférences, des comptes rendus de livres. Le nom de Dugautiez y apparaît comme secrétaire.

Revenons aux fondateurs. Maurice Dugautiez est né à Leuze en 1893. Issu d’un milieu petit bourgeois provincial, il témoigne d’une curiosité pour l’hypnotisme et la suggestion. Il donne de nombreuses conférences au sein d’un forum politico-socialiste, reprises dans la revue « Le psychagogue » qu’il aurait créée. Sa curiosité et ses lectures concernant ses centres d’intérêts lui font rencontrer la psychanalyse en 1928. C’est en 1933, qu’il rencontre Fernand Lechat venu l’écouter. Les deux hommes partagent la même curiosité pour le psychisme, l’hypnose et la psychanalyse et décident de s’y former. Fernand Lechat prend contact avec la Société Psychanalytique de Paris qui leur signale la présence en Belgique du Docteur Hoffman et ils entreprennent une analyse de formation auprès de lui. Le Docteur Hoffman (analysé par P. Federn) de Vienne résidait en Belgique à ce moment ayant fui la terreur nazie. Il y restera deux ans puis fuyant vers la France, il y sera arrêté et périra des suites de son emprisonnement. Dugautiez et Lechat continuent leur formation à Paris en suivant des contrôles auprès de Marie Bonaparte et du D. John Leuba. La formation psychanalytique implique d’avoir fait une analyse personnelle puis des analyses sous le contrôle d’analystes formateurs. La deuxième guerre mondiale coupa les contacts avec la France et retarda leurs projets. C’est en décembre 1946 qu’ils créèrent avec Madame Camille Lechat, l’Association des Psychanalystes de Belgique.

L’association est créée alors que Dugautiez et Lechat ont été reconnu membres titulaires par la Société parisienne. L’association reçoit en 1947 une reconnaissance provisoire de l’API qui sera confirmée en 1949 par un vote à l’unanimité lors d’un congrès à Zürich. Elle était sponsorisée par Marie Bonaparte et John Leuba. Monsieur Dugautiez est nommé président dès la création de l’association et le restera jusqu’en 1958, date où il démissionna pour des raisons de santé. Dugautiez et Lechat ont vaillamment défendu leur patrie pendant la guerre de 1914. Lechat y fut blessé et Dugautiez gazé. Il en garda des séquelles pendant le restant de sa vie et ceux qui ont été en analyse ou en supervision chez lui se souviennent de ses difficultés respiratoires. Monsieur Lechat lui succéda à la présidence pour quelques mois seulement car il mourut en 1959. C’est Madame Lechat qui assuma la présidence jusqu’à ce qui aurait dû être la fin de son mandat en 1960 date de la création de la Société Belge de Psychanalyse – Belgische Vereniging van Psychoanalyse dont Madame le Docteur Jacobs van Merlen devint présidente.

Monsieur Lechat, né en 1895 à Mont-sur-Marchiennes, était psychologue industriel. Il mit sur pied une affaire d’assurance, mais son intérêt allait vers l’humain et la psychologie des profondeurs. Il épousa en deuxième noce une jeune enseignante qui demeurera pendant toute leur vie commune, son soutien et sa collaboratrice assidue. Sa rencontre avec Dugautiez lui permit de donner forme à son intérêt pour la psychanalyse. Tous ceux qui l’ont connu, vantent son enthousiasme, son dévouement et sa vitalité. C’est lui qui créera le Bulletin de l’Association, revue trimestrielle qui donne des nouvelles de l’association et édite de nombreux articles de ses membres.

Madame Lechat est institutrice et s’intéressera à la psychanalyse de l’enfant qui devint vite florissante en France. C’était une personne réservée, se mettant peu en avant et qui est décédée en 1985 .

Après le décès de deux des membres fondateurs, la jeune Société se trouve devant une difficulté majeure. Il y a 4 membres qui sont analystes formateurs et qui vont devoir assumer la reprise de la formation des membres orphelins de leurs psychanalystes. Ce fut un moment crucial où le dévouement, l’enthousiasme et le travail des fondateurs était en réel danger. Les jeunes psychanalystes autorisés à faire des analyses de formation prirent sur leurs divans les “orphelins” et grâce à leur courage et au dévouement à la cause psychanalytique, la Société put se redresser, former des membres et se développer. Nous pouvons être très reconnaissants aux Dr Flagey, Dr J. Bourdon, Dr Thérèse Jacobs van Merlen et à Madame Camille Lechat de leur courage et leur dévouement.

La suite de l’histoire de la Société Belge de Psychanalyse est celle d’un groupe de personnes enthousiastes, convaincues et persévérantes. Nous avons évidemment connus, comme tous les groupes, des conflits, des deuils, des critiques. A noter que nous sommes une des seules sociétés scientifiques restées bilingues en Belgique ceci grâce au dévouement de quelques bilingues mais surtout grâce aux efforts consentis par les membres néerlandophones pour s’adapter à un milieu majoritairement francophone et je pense également, en fonction d’une entente solide entre eux, sous l’égide du Professeur Roland Pierloot. Ils ont progressé dans la hiérarchie et nous avons le plaisir d’avoir une présidente bilingue, Madame le Docteur Christine Franckx qui n’est pas la première présidente bilingue.

Entre 1960 et 2016, la SBP a connu beaucoup de transformations. L’accès à la formation fut plus organisé et les entretiens préliminaires plus approfondis et discutés par plusieurs membres de la Commission d’Enseignement nouvellement créée. La jeune société a d’abord perfectionné ses structures et son fonctionnement. Elle s’est ensuite petit à petit tournée vers l’extérieur, a organisé des journées scientifiques internes et externes. Elle a amené des modifications allant vers une démocratisation des structures et a pu maintenir son unité.

Nu een woordje betreffende de nederlanstaligen. Sinds 1960 heeft de vereniging een vlaamse titel en we tellen hedendaags een vijftiental nederlandstalige leden. Dankzij hun moed en volharding hebben wij ook het plezier dat ze belangrijke leidinsplaatsen innemen zoals onze huidige voorzitster : Mevrouw Dr Christine Franckx. Dankzij Dr Roland Pierloot, Mevrouw Jacqueline Godfrind-Haber en ikzelf hebben ze hun vorming in het nederlands kunnen doen, maar de bijeenkomsten waar alle leden aanwezig zijn blijven in het frans.

Annette Watillon