Psychanalyse et musique

Dufour, Claude

1983-04-01

Notes de lecture

Partager sur

Les six articles réunis dans ce livre et introduits par Alain de Mijolla cernent l'activité musicale à partir des zones d'investissement privilégiées par les auteurs. L'itinéraire de chacun avantage ainsi une voie d'approche de cette activité, en tant que mode d'expression de l'homme, à partir de son organisation corporelle, son développement et l'organisation psychique qui en dépend, sans pour autant lui être rivée.

Du bruit, du son, des objets musicaux, Pierre Schaeffer entraîne le lecteur vers la rêverie et les jeux de sons en lieu et place des jeux de mots. A la maîtrise par la vue se substitue la maîtrise par l'écoute, avec ses quatre niveaux : ouïr, comprendre, entendre, écouter. Si la musique dépend du faire, sa fonction s'appuie sur l'aspiration collective et y répond, tandis qu'Oedipe organise les histoires de famille.

Il serait étonnant qu'un psychanalyste intéressé à la musique n'interroge Freud sur son silence à propos de cette activité humaine, de cet art, J. et A. Caïn trouvent dans l'histoire de Freud, dans l'élaboration de la première topique et de l'inconscient où le temps n'existe pas le fondement du déni de la musique. Le plaisir d'écouter empêcherait l'autre écoute du discours, susceptible d'être élaboré.
La méditation est cependant une voie, une issue proche de l'élaboration en regard de la musique, métaphore des pulsions, selon Rosolato qui y voit un exercice de négativité dans les différentes écoutes techniques, évocatrices, hypnosiques, chacune étant tour à tour abolie dans le changement en l'autre (oscillation métaphoro-métonimique).

La préférence pour le visuel par rapport au sonore persécuteur tiendrait à la passivité suscitée par l'écoute et le rappel des situations traumatiques de l'enfance. La dialectique du visuel et du sonore rappelant le scénario de l'intervention du père par rapport à la mère, est susceptible de susciter l'antinomie musique et parole.

«Moulins à musique» de J. Rousseau-Dujardin et J. Trilling est une correspondance entre deux analystes, une dérive où la musique est partout, fait partie intégrante du roman familial et de la culture, constitue des points d'articulation, de relais et d'épanouissement des processus secondaires les plus élevés, en même temps qu'un espace de maîtrise et de jeu.

Ainsi se termine un ouvrage bienvenu, dans la mesure où il touche à l'essentiel qui viserait à définir un statut à la musique, parmi les différentes formes de créativité.