Notes de lecture

Keyaert, Michèle

1990-04-01

Notes de lecture

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Du mois de novembre 1914 à l'été 1915, Sigmund FREUD a travaillé à une série d'exposés qu'il envisagea d'abord de publier sous la forme d'un livre intitulé : "Préliminaires à une métapsychologie".

Appartiennent à cette série : – "Complément métapsychologique à la théorie du rêve". – "Deuil et Mélancolie". publiés en 1917.

Trois autres textes rédigés durant les premiers mois de 1915 virent le jour plus tôt. Ce sont les textes classiques qui définissent les fondements de la psychanalyse : – "Pulsions et destin des pulsions". – "Le refoulement". – "L'inconscient". 1915.

Les correspondances nous apprennent qu'à la suite des textes cités, FREUD porta à un plus ou moins grand degré d'achèvement sept autres chapitres qui l'occupèrent jusqu'au milieu de l'année 1915. Ce livre ne fut jamais publié.

Comme les sept manuscrits ont disparu sans laisser traces, on admet aujourd'hui que FREUD les a détruits.

En 1983, Ilse GRUBICH-SIMITIS travaillait à Londres, à la publication de la correspondance entre FREUD et FERENCZI. Elle découvrit, joint à une lettre écrite le 28 juillet 1915 à FERENCZI, un manuscrit inédit de FREUD.

Dans cette lettre, FREUD précise : "Je vous envoie l'ébauche du XIIème exposé, qui vous intéressera certainement. Vous pouvez le jeter ou le conserver".

Cette correspondance nous livre également l'intitulé des autres chapitres disparus : – "La Conscience" – "L'Angoisse" (L'Hystérie d'angoisse) – "L'Hystérie de conversion" – "La Névrose obsessionnelle".

Le texte de ce "douzième chapitre" est en fait constitué de deux parties.

Dans la première, FREUD reprend différents concepts, à savoir le refoulement, le contre-investissement, la formation substitutive et la formation de symptômes, le rapport avec la fonction sexuelle, la régression, la disposition à la névrose. Pour chacun des facteurs pris séparément, il en compare les articulations dans les trois formes typiques de la névrose (hystérie d'angoisse, hystérie de conversion et névrose obsessionnelle).

La deuxième partie est une hypothèse (une "fantaisie") phylogénétique qui s'appuie sur certaines idées de FERENCZI. Il tente de concilier les types de régression névrotique avec les étapes (présumées) de l'histoire phylogénétique de l'humanité, comme si le développement de la libido répétait les différentes phases de nos origines.

Ce "douzième chapitre" nous a paru, dans l'ensemble, peu intéressant. Il comporte certaines incohérences et des contradictions avec les autres chapitres publiés. Quant à la "fantaisie phylogénétique", FREUD lui-même en reconnaissait le caractère hasardeux. Il ne faut pas perdre de vue que FREUD n'avait pas eu l'intention de publier ce texte. Ilse GRUBICH-SIMITIS rappelle à cet égard, qu'après la fin de la guerre, FREUD suivait déjà de toutes autres conceptions théoriques. (Dès mars 1919, il travaille à la rédaction d'Au-delà du principe de plaisir). On peut donc imaginer qu'il n'ait plus été satisfait de ces différents chapitres qui se fondaient encore dans une large mesure sur la première théorie de l'angoisse.

Outre le texte français, le livre comporte le texte allemand, in extenso, ainsi que deux commentaires (par Ilse GRUBICH-SIMITIS et par Patrick LACOSTE).