Notes de lecture

Van den Eynde-Kevers, Brigitte

1990-04-01

Notes de lecture

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Ce livre écrit par une psychanalyste argentine éclaire quelque peu l'origine de la psychanalyse des enfants.

Il est agréable à lire et intéressant car il nous permet de renoncer à quelques idées préconçues entre autre dans le conflit qui a opposé Mélanie Klein à Anna Freud.

En premier lieu, l'auteur rappelle l'analyse du petit Hans où Freud montre l'importance pour lui du lien entre l'analyste et le père de l'enfant. Après avoir évoqué le destin tragique de la première psychanalyste d'enfant Hermine Von Hug Hellmuth, Silvia Ines Fendrik nous fait découvrir les premiers écrits d'Anna Freud qui souhaitait différencier psychanalyse et pédagogie.

Devant les relations conflictuelles avec les parents des enfants qu'elle analysait, devant l'attachement et la dépendance dans la réalité des enfants à leurs parents et l'impossibilité selon elle d'une véritable névrose de transfert, devant l'hostilité des petits patients qu'elle distingue du transfert négatif et qui l'empêche semble-t-il d'être analyste dès le premier contact, Anna Freud conclut que "le prix à payer" est celui de devoir assumer un lien nécessaire entre le travail analytique et le travail pédagogique par le psychanalyste.

Mélanie Klein, comme on le sait, s'est insurgée contre cette attitude montrant l'importance d'analyser d'emblée l'hostilité (ou le transfert négatif) de façon à avoir accès aux couches les plus cachées de la psyché infantile ; l'existence de l'inconscient est, selon elle, l'unique condition à la fois nécessaire et suffisante pour que l'analyste entreprenne l'analyse. La confiance des parents dans l'analyste ne fait pas de doute pour elle et leur éventuel manque de compréhension n'est pas une raison suffisante pour empêcher l'analyse.

Dans le chapitre "Vents de guerre" Silvia Ines Fendrik élabore les différents éléments de leur désaccord et les confronte entre eux.

Il apparaît clairement que les limites théoriques d'Anna Freud sont plus importantes que celles de Mélanie Klein.

En parallèle de leur oeuvre, leur vie est racontée avec les questions qu'elle suscite, Anna Freud aurait-elle pu aller plus loin analysée elle-même par son propre père ?

Pourquoi Mélanie Klein a-t-elle caché si longtemps que son premier petit patient Fritz n'était autre que son fils (ce qui aurait montré ses préoccupations d'une "éducation psychanalytique") ?

L'auteur l'explique par le trop grand attachement d'Anna Freud à son père et le souci de Mélanie Klein de rompre avec ses origines en effaçant le nom de son père.

Ainsi on peut retrouver dans leur histoire à chacune des liens paradoxaux.

Reste la nécessité de différencier psychanalyse et éducation mais dans la réalité tout analyste d'enfants est toujours sollicité aussi par la manière dont est éduqué son petit patient et faire la part des choses n'est pas toujours facile.