Notes de lecture

Alsteens, André

1988-04-01

Notes de lecture

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D'entrée de jeu, Alain de Mijolla, par ailleurs fondateur avec d'autres de l'Association Internationale d'Histoire de la Psychanalyse, s'explique dans un éditorial sur la pertinence du projet d'une revue qui serve de "lieu" où recueillir et diffuser le plus largement possible "les études nouvelles, les réflexions originales et les documents inédits qui traitent dans le monde de la biographie de Sigmund Freud, de celles des pionniers qui vinrent le rejoindre, de l'histoire du mouvement psychanalytique né de ce cercle initial, avec ses remous et ses scissions, de la place des découvertes freudiennes dans l'histoire des idées et dans le cours des événements de notre temps".

Projet ambitieux, qui va à l'encontre de l'idée qu'il serait prématuré de penser à l'histoire de la psychanalyse. Certes l'histoire demande pour s'élaborer le recul du temps, mais il n'est pas trop tôt d'y collaborer déjà, garantissant ainsi le recueil souhaitable de tous travaux s'y rapportant, dans un contexte qui exclut "toute exploitation scandaleuse" et permette une approche sérieuse des matières concernées.

Le premier numéro, que nous avons le plaisir de présenter ici, porte sur la situation des psychanalystes pendant la deuxième guerre mondiale. Inspirée d'un colloque organisé en mai 1987, cette vaste esquisse nous permet de nous promener dans diverses régions et de découvrir, tantôt par des documents, souvent par des études, l'intrication de l'histoire générale de notre monde avec celle de la psychanalyse. Une place importante, et c'est logique, y est consacrée à l'Allemagne, une autre à l'émigration de nombreux psychanalystes. Nous épinglerons l'étude de Chasseguet-Smirgel sur l'attitude de Freud face au nazisme, et celle de Brecht, directement centrée sur la situation allemande, ou encore l'éclairante analyse de Mijolla sur les événements en France et leur retombée ultérieure. A cette lecture, on peut mesurer la fécondité de pareille démarche, non seulement pour rendre compte de faits du "passé" et de leur contexte, mais aussi pour mettre en lumière, de manière souvent saisissante, la dimension sociale dans laquelle s'inscrit tout travail analytique, réputé non sans raison d'essence plutôt individualiste. La psychanalyse sort de tels examens enrichie d'une dimension souvent peu exploitée, sinon carrément ignorée.

Outre le thème central que nous venons d'évoquer, ce numéro 1 comporte un bref inédit de Freud (une recension courte, de 1887, sur un ouvrage concernant l'hypnotisme) et son commentaire, une rubrique bibliographique, et une autre enfin sur les Actualités en ce domaine. Un index des noms et des dates confirme la rigueur qui préside à ce genre de publication.

On peut espérer que cette jeune revue intéresse, par le champ inédit qu'elle entend couvrir, les esprits curieux de la culture d'aujourd'hui.