Cette fois, c'est de la "femme-mère" que l'auteur nous parle. Ouvrage d'accès plus aisé que celui de J. Cosnier, il est consacré à l'impact des relations avec la mère sur le psychisme de l'homme et de la femme mais aussi sur les interactions entre eux. La première partie du livre est consacrée à l'étude de l'imprégnation préoedipienne de la mère sur l'organisation fantasmatique du garçon ainsi que de ses conséquences sur la façon dont l'homme vit la femme. La seconde partie envisage "les théories psychanalytiques de la sexualité féminine comme agents de protection des fantasmes de mauvaise mère". Les chapitres qui la composent ont le mérite d'apporter un survol très complet des théories relatives à la féminité. Les divergences notoires qui existent dans les positions théoriques concernant la sexualité féminine sont articulées sur les positions fantasmatiques défensives de leur auteur (homme ou femme et Freud en particulier) quant au "sexe de la mère". C'est ainsi que sont relevées, parmi d'autres, les contradictions concernant l'envie du pénis, le masochisme féminin, l'angoisse de castration de la femme.
Enfin l'auteur se penche sur la "complicité névrotique des femmes avec le comportement défensif des hommes" pour cautionner les structures sociales, religieuses, juridiques qui figent le rôle "inférieur" de la femme assigné par les défenses masculines contre la puissance première de la mère. Tenter la compréhension de la dialectique entre l'inconscient individuel "sexué" et les manifestations sociales qui en institutionnalisent les conflits reste une gageure d'autant plus problématique qu'elle se veut générale. L'auteur ne me parait pas avoir évité les écueils de certaines confusions de plan qui masquent plus qu'ils n'éclairent les interrogations posées par la "lutte des sexes" réduite, en l'occurrence, à la lutte contre le "sexe de la mère".
