Notes de lecture

Alsteens, André

1987-10-01

Notes de lecture

Partager sur

Chacun aura immédiatement à l'esprit, devant ce titre, la fantaisie du vautour devenue si célèbre, l'énigme du sourire de Mona Lisa et, dans sa foulée, Sainte Anne en tierce (Sainte Anne avec Marie et l'enfant Jésus). Il importe peu, en définitive, que le vautour se soit avéré un milan, que la Sainte Anne en tierce n'ait pas été une rareté comme Freud le croyait. Sur ces points d'ailleurs, l'érudite préface de Pontalis en renseignera plus d'un !

Non, l'intérêt naît, au fil de ces pages, de l'analyse serrée d'un Freud associant devant nous, illustrant ainsi le propos de Pontalis "qu'en psychanalyse, on ne pense pas par thèmes, on pense par connexions et par ruptures de ces connexions, par liaisons et déliaisons". Cet essai sur le destin pulsionnel d'un homme d'exception renvoie et se nourrit tour à tour d'autres textes plus ou moins contemporains : sur la curiosité et les théories sexuelles infantiles, l'existence de la sexualité infantile et son côté "pervers", la fixation et la régression, le narcissisme, la névrose obsessionnelle, les pulsions et leurs transformations, le normal et le pathologique … A l'occasion de ce que Freud nomme lui-même un "roman psychanalytique", il nous fait une fois de plus la démonstration de la cohérence entre les diverses notions introduites sous son impulsion autour de ces années 1905-1915.

Pour le plaisir, je mettrai en exergue le risque du prix à payer pour une trop grande intimité du petit garçon avec sa mère et la note sur le carton de Londres (note 1, p. 142), où apparaît plus encore, dans cette esquisse de la Sainte Anne en tierce, la confusion des deux mères : deux passages où se décèle une intuition sensible, riche des prolongements qu'on sait.