Notes de lecture

Vaneck, Léon

1985-04-01

Notes de lecture

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Encore un livre sur M. Klein, dira-t-on…

Pas tout à fait. En effet G. Bléandonu, psychiatre lyonnais, s'est fixé l'objectif de présenter les idées et les formulations kleiniennes en tenant compte à la fois, et il s'en explique dans son introduction, de la manière centrale dont elles ont fini par s'ordonner et de ce qu'elles deviennent.

En préfaçant ce livre, Hanna Segal écrit : "G. Bléandonu s'est donné une tâche bien formidable".

Le premier chapitre est une présentation d'ensemble.

L'auteur y reprend l'histoire du mouvement kleinien en distinguant trois étapes dans la création de l'oeuvre :

  • la vocation et le premier système d'une analyste.
  • La théorie des positions et la naissance de l'école
  • La dernière étape et l'institution de l'école.

Sont ensuite développées clairement les notions clés de la pensée de M. Klein, notamment le complexe d'Oedipe précoce et l'image des parents combinés, la position dépressive, la position paranoïde-schizoïde et l'envie. Ce paragraphe constitue une fort bonne mise au point pour la compréhension des nouvelles notions introduites par M. Klein à travers toute son oeuvre, qui constitue selon Bléandonu, un ensemble systématique, d'où le développement d'une "école".

Dans le deuxième chapitre, ce sont les perspectives techniques que l'auteur synthétise. Après un survol permettant une vision d'ensemble, il développe l'apport capital de M. Klein de l'analyse par le jeu et ses importantes considérations sur le transfert, par rapport notamment aux points de vue de A. Freud qui estimait l'enfant incapable de "transférer".

Sont aussi développées les conceptions de M. Klein sur l'interprétation et le contre-transfert, la perlaboration et l'insight, l'acting out, et enfin sur l'ensemble du processus analytique avec des réflexions pertinentes sur les nouveautés techniques introduites par M. Klein. Ce chapitre résume remarquablement les contributions fondamentales de M. Klein à la technique de l'analyse des enfants.

Suit un chapitre consacré aux apports théoriques de M. Klein.

Le lecteur aura le plaisir de découvrir une synthèse fort intéressante des travaux de M. Klein :

  • les positions : dépressive, paranoïde-schizoïde, névrose infantile.
  • Le développement psychique : Oedipe, Surmoi, Moi, Soi et peau psychique, développement libidinal et régression.
  • La théorie des pulsions et, plus particulièrement la dialectique pulsion de vie – pulsion de mort ainsi que la notion fondamentale d'envie. Sont aussi succinctement développés les mécanismes de défense élaborés par M. Klein, ainsi que ses travaux sur la vie fantasmatique, la réalité et la pensée.
  • La relation d'objet. Bléandonu reprend ici judicieusement les perspectives kleiniennes sur le symbolisme, la sublimation et la réparation, le narcissisme et surtout l'Imago, le monde interne, la réalité psychique et l'objet.

Le chapitre quatre est centré sur la clinique ; bien évidemment les psychoses y sont en première ligne, suivies par la clinique des états intermédiaires et enfin les névroses.

A travers ces trois chapitres consacrés aux aspects techniques, théoriques et cliniques, Bléandonu me paraît réaliser remarquablement ses objectifs initiaux. Ils constituent une mise au point tout à fait convaincante et de plus très fidèle, me semble-t-il, à M. Klein.

Les trois derniers chapitres sont consacrés à la psychanalyse appliquée, aux critiques à l'école kleinienne et enfin à M. Klein et sa postérité.

  • Dans "psychanalyse appliquée", Bléandonu développe les idées kleiniennes et néo-kleiniennes sur la création artistique et esthétique (notion très largement développée actuellement par D. Meltzer), sur l'éthique, la politique et la philosophie ; enfin, sont abordés la vie sociale et institutionnelle ainsi que les phénomènes de groupe (et l'on pense évidemment à W. R. Bion).
  • Des critiques à l'école kleinienne, Bléandonu dégage d'abord les points de vue de Glover et de l'école d'A. Freud ; il ne néglige pas les psychanalystes généticiens, ni l'école freudienne, ni les analystes de la relation d'objet (Balint, Fairbairn, Winnicott). Ce chapitre nous permet de situer le courant kleinien dans le cadre général des développements des diverses théories psychanalytiques post-freudiennes.
  • Enfin, le dernier chapitre aborde l'enfance du leader, sa formation, son statut de chef d'école, le phénomène d'école, la pensée kleinienne et sa postérité.

J'ai aussi beaucoup apprécié la bibliographie.

L'auteur y mentionne les textes fondamentaux avec, bien évidemment la bibliographie complète de M. Klein, mais aussi les autres références kleiniennes sur la technique, la théorie et la clinique, la psychanalyse appliquée et les critiques à l'école kleinienne. Ainsi présentée, la bibliographie permettra très facilement au lecteur de consulter les ouvrages qu'il souhaite à propos de chacun des aspects des travaux kleiniens résumés par l'auteur tout au long de son ouvrage.

Conscient d'être trop bref, je voudrais très simplement transmettre aux lecteurs de la Revue tout le plaisir que j'ai éprouvé à lire ce remarquable travail et combien je partage l'opinion flatteuse de H. Segal dans sa préface.