Notes de lecture

Vaneck, Léon

1995-04-01

Notes de lecture

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Les retards et troubles de l'intelligence nécessitent d'être explorés à partir de perspectives pluridisciplinaires ouvertes visant, au mieux, une certaine complémentarité, voire une intégration des éléments fournis par les différents modes d'approche et champ de connaissance. Roger Misès, l'un des co-auteurs, nous a de longue date habitués à cette démarche au décours de ses travaux antérieurs et de sa grande expérience clinique.

Les quatre premiers chapitres cernent successivement les origines et l'évolution des modes d'approche, les diverses représentations et images de la déficience intellectuelle (pensée scientifique, institutions, opinion politique, attitude et représentations sociales, les images de soi des déficients mentaux), les études épidémiologiques qui ont permis de mieux en cerner les problèmes et qui recoupent les résultats des analyses psychopathologiques appuyées par les conceptions psychodynamiques auxquelles se réfèrent les trois auteurs.

Dans le cinquième chapitre en effet, ils développent les réévaluations du cadre de l'arriération et de la débilité mentale ainsi que les nouvelles orientations en psychopathologie où, à l'évidence, les auteurs élaborent leur conceptualisation des phénomènes de la déficience mentale dans une réflexion tout à fait psychanalytique ; ils évoquent notamment les difficultés d'accès à la pensée symbolique, se référant à certains travaux de M. Klein, d'H. Segal, de Bion, voire de J. Lacan ; ils se démarquent par contre de B. Castets, F. Dolto et de M. Mannoni, notamment, quand celle-ci suggère que l'enfant, par sa déficience, vient combler chez la mère un manque fondamental ; déterminée par les projections fantasmatiques de la mère, soutenue par la persistance d'une relation duelle, la déficience mentale s'organise dans le maintien d'un lien aliénant et pervertissant où l'on relève, comme dans la psychose, le non accès à l'Oedipe et l'incapacité à entrer dans l'ordre symbolique. Si ces études ont le mérite de mettre l'accent sur le poids des projections fantasmatiques, sur leur reprise dans le réel et sur la position occupée par le débile dans la constellation familiale, elles négligent gravement, poursuivent les auteurs, la dimension génétique, y compris dans le registre des fantasmes où l'on écarte l'examen des mécanismes en jeu dans l'échec du processus d'élaboration etc.

Ainsi, nous voyons assez clairement où et comment se positionnent les auteurs dans leurs références psychanalytiques et dans le fil conducteur de leurs travaux antérieurs, ce qui conduit bien évidemment aux options thérapeutiques inhérentes à cet étayage théorico-clinique.

Assez logiquement, l'ouvrage se poursuit par un chapitre (le 6) consacré aux cadres étiologico-cliniques à base organique tant anténatales que postnatales et par un autre chapitre (le 7) qui nous offre des études cliniques en y discutant la question des classifications traditionnelles et modernes et en y démontrant l'apport des investigations psychologiques, non seulement celles qui étudient l'intelligence et la personnalité mais aussi les épreuves "instrumentales".

Les deux chapitres suivants cernent fort bien toute l'importance de la découverte précoce ainsi que les différentes interventions préventives et thérapeutiques tant auprès de l'enfant que de son entourage.

"Et demain ?" constitue le dernier chapitre ouvert sur une brève réflexion pour l'avenir. Je mentionnerai enfin une très intéressante bibliographie sur le sujet.

Tous les travailleurs de l'enfance, enseignants, éducateurs, médecins, pédiatres et pédopsychiatres, psychologues et collaborateurs des services de Santé Mentale, des institutions, des centres PMS, trouveront dans cet ouvrage un très bon outil de travail et de réflexion sur cette question interpellante des retards et troubles de l'intelligence chez l'enfant.