L'ouvrage comprend la traduction de certains articles parus dans le livre de Searles "My work with borderline patients". Ces articles relatifs à la "technique thérapeutique" (titre du premier chapitre) restent en continuité avec ce que nous connaissons de Searles. Basés sur son expérience avec des patients borderline mais aussi schizophrènes, l'auteur analyse certaines particularités du transfert qui trouvent tout aussi bien leur pertinence pour comprendre des moments d'analyse de patients névrotiques, quand la relation transférentielle touche aux fondements de l'identité.
Particulièrement intéressants m'ont paru les développements relatifs aux conséquences pathologiques de la jalousie (mais n'est-ce pas plutôt de l'envie ?) pour un objet interne ainsi que les considérations sur les objets inanimés. Mais fidèle à lui-même, Searles ne pouvait manquer de consacrer une large part de ses réflexions au contre-transfert, provoquant chez le lecteur admiration et… angoisse. En effet, dans ses évocations de la relation transféro-contre-transférentielle, l'auteur souligne la subjectivité de l'engagement contre-transférentiel. Certes, c'est son contre-transfert personnel qu'il n'hésite pas à interroger. Mais chaque analyse se sent concerné par les collusions inconscientes que Searles dénonce, même si elles sont induites par les "problématiques limites" qui entrent en résonance avec les noyaux archaïques de l'analyste. Sensibilité aux séparations et aux pertes, deuils mal résolus, fragilités de base sont autant de points de vulnérabilité auxquels analysant et analyste auront à faire face.
Une note de lecture ne peut rendre la richesse des apports contenus dans l'ouvrage de Searles. Au travers de l'entrelac transféro-contre-transférentiel, l'auteur n'hésite pas à affronter les limites de l'analysabilité, celles qui concernent l'analysant, certes, mais celles aussi qui mettent en question les positions contre-transférentielles de l'analyste sans cesse menacées de dérives devant l'impact transférentiel.
